Le point sur les matières premières – 24 mai 2022

Les prix du pétrole restent soutenus par l’étroitesse des marchés et, bien que les prix du gaz en Europe ont subi une correction la semaine dernière, la décision de la Russie de couper l’approvisionnement à la Finlande souligne le risque permanent d’un arrêt plus large des livraisons de gaz russe à l’UE. L’or, quant à lui, a trouvé un point d’appui et le lingot a finalement mis fin à sa série de pertes hebdomadaires, bien que le risque d’une crise alimentaire mondiale semble de plus en plus réel.

Les prix du pétrole sont un peu plus fermes et restent soutenus par des marchés serrés. L’USOIL a légèrement augmenté à 111 $, bien qu’il se situe au milieu d’un range étroit de 111,94 $ à 109,51 $. Les attentes d’une économie américaine plutôt résiliente cette année, les problèmes de covides en Chine et les incertitudes quant à la politique de l’Union européenne vis-à-vis des importations russes continuent de faire débat.

Du côté des facteurs favorables, la réduction du taux de la PBoC la semaine dernière a apporté un certain soutien au pétrole, ainsi que les attentes concernant la réouverture de Shanghai le 1er juin. De plus, les prix de l’essence et du diesel aux États-Unis restent à des niveaux record ou presque et l’arrivée de la haute saison de circulation aux États-Unis et en Europe devrait maintenir les marchés tendus et les prix élevés. Fatih Birol, de l’AIE, a déclaré à Bloomberg que les prix du pétrole pourraient encore augmenter et a appelé les producteurs à agir de manière responsable pour aider à contenir les prix. Il a prévenu que « nous pourrions même voir les prix augmenter, être beaucoup plus volatils et devenir un risque majeur de récession pour l’économie mondiale », ajoutant que « si l’Europe réduit ses importations de pétrole en provenance de Russie, les marchés pétroliers mondiaux en pâtiront. »

Jusqu’à présent, l’UE n’a pas réussi à se mettre d’accord sur une interdiction des importations de pétrole russe, en grande partie due à la résistance du hongrois Orban, qui continue à demander des exceptions de grande envergure. L’ancien dirigeant du deuxième groupe pétrolier russe a déclaré au FT qu’une interdiction du brut russe « impossible à remplacer » serait le « scénario le plus négatif » pour toutes les parties et un « choc pour tout le monde ». Malgré la réticence de la Hongrie, la plupart des dirigeants de l’UE restent déterminés à se joindre à l’interdiction des importations de pétrole russe, mais pour l’instant, l’impossibilité de parvenir à un accord limite la hausse du prix du pétrole. Dans le même temps, des informations ont été publiées aujourd’hui selon lesquelles la Maison Blanche envisagerait de libérer d’urgence du diesel provenant d’un stock rarement utilisé afin d’atténuer la pénurie d’approvisionnement.

Les prix du gaz européen ont chuté de plus de -10% la semaine dernière, tandis que les prix américains sont également en légère baisse par rapport à lundi dernier, malgré le fait que la Russie ait ajouté la Finlande à la liste des pays européens qui devront vivre sans approvisionnement russe. Les flux sur le gazoduc principal ont été interrompus tôt samedi, selon l’importateur finlandais Gasum Oy, bien que l’entreprise énergétique publique ait également déclaré dans un communiqué qu’elle s’était soigneusement préparée à cette situation et que « sous réserve qu’il n’y ait pas de perturbations dans le réseau de transport de gaz, nous serons en mesure d’approvisionner tous nos clients en gaz dans les mois à venir ». La Finlande continue d’être approvisionnée par le gazoduc Balticconnector depuis l’Estonie, et les importations de gaz de la Finlande en provenance de Russie ne représentent qu’une faible part des importations énergétiques du pays. Pour l’instant, il ne s’agit que d’un signal, mais comme le différend sur les modalités de paiement n’est pas encore réglé à ce jour et que si la Russie interrompt l’approvisionnement de l’Allemagne ou de l’ensemble de l’UE, les conséquences économiques à court terme seraient considérables.

L’or a finalement mis fin à sa série de pertes hebdomadaires la semaine dernière et a réussi à augmenter de 1,9 %. Le cours de l’or reste soutenu ce jour et le lingot est en hausse par rapport à la clôture d’hier en raison de l’aversion pour le risque, à 1862,77 $, cassant les SMA de 20 et 200 jours. La clé reste la cible des 1870 (niveau de la Fib. 38,2 %). L’or a regagné une partie de son statut de valeur refuge, en raison de la crainte qu’une action agressive de la Fed ne compromette la reprise américaine, ce qui semble avoir entamé le statut de valeur refuge du dollar et du yen, tandis que l’or semble revenir en grâce à titre de protection contre les risques de croissance.

Les prix des produits agricoles de base restent pour la plupart nettement plus élevés qu’il y a un an, alors que l’on craint de plus en plus les répercussions de la guerre en Ukraine et des sanctions contre la Russie, qui pourraient déclencher une crise alimentaire mondiale. La sécheresse qui sévit en Inde n’arrange évidemment pas les choses, et les prix du blé en particulier ont grimpé, ce qui a incité le chef de la BoE, M. Bailey, à mettre en garde contre une hausse « apocalyptique » des prix alimentaires. La Banque mondiale, quant à elle, a annoncé la semaine dernière un plan d’action de 30 milliards de dollars pour financer une « réponse mondiale à la crise actuelle en matière de sécurité alimentaire ». Le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass, a déclaré que « pour informer et stabiliser les marchés, il est essentiel que les pays fassent dès maintenant des déclarations claires sur les futures augmentations de production en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les pays devraient déployer des efforts concertés pour accroître l’approvisionnement en énergie, et en engrais, afin d’aider les agriculteurs à augmenter les semis et les rendements des cultures, d’une part, d’autre part, de supprimer les mesures qui bloquent les exportations et les importations, détournent les denrées alimentaires vers les biocarburants, ou encouragent le stockage inutile. »

Andria Pichidi

Analyste Financière

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